Chine. « Les grandes marques sortiront de cette crise en meilleure position »
Basée entre Shanghai et Paris et Directrice Associée chez Full Jet, Victoria Glanz accompagne les marques en Chine, dans leur activité avec Alibaba. Selon elle, la crise a renforcé la dynamique « online » en Chine.
Sophie Baqué : Ikea et Arket (H&M) viennent d’annoncer leur arrivée sur Tmall. La crise va-t-elle favoriser les retailers occidentaux ?
Victoria Glanz : Les grandes marques devraient sortir de cette crise en meilleure posture que les petites. Sur le site Tmall, la valeur brute des marchandises d’Adidas vendues a bondi de 135 % lors des 3 mois à fin avril 2020, et de 52 % pour Nike. En revanche, elle a chuté de 4 % pour les marques chinoises LiNing et Anta.
L’e-commerce chinois se renforce-t-il ?
Oui. Au 1er trimestre 2020, il a été plus performant que le retail physique. Selon le National Bureau of Statistics, le marché global du retail a baissé de 19 % en un an et l’e-commerce n’a baissé que de 0,8 %. L’e-commerce a représenté 24 % du marché des biens de consommation, avec cependant de gros écarts par catégories (+ 33 % dans l’alimentaire, -15 % dans la mode).
Vous êtes d’origine française. Que pensez vous du retail européen ?
En Chine, l’e-commerce n’a été que très légèrement perturbé par la crise du Covid-19… En Europe, c’est tout l’inverse : à l’exception de l’alimentaire, l’e-commerce n’a pas pris le relais du retail physique, pour des raisons logistiques. Beaucoup d’enseignes (mode, beauté…) n’ont pas pu continuer à assurer leur activité de vente en ligne et de livraisons.
A l’inverse, des « pure-players » comme Amazon et Veepee ont su tirer leur épingle du jeu. Je ne considère pas encore l’Europe comme un marché e-commerce mature, malgré nombre d’initiatives vers un retail plus unifié (click and collect, ship from store…).